Chez les forces de l’ordre, la prise de parole est rare. Mais, alors que les manifestations contre les violences policières et le racisme se multiplient, certains ont accepté de témoigner de leur expérience pendant leur carrière au sein de l’institution.
« Les propos racistes, c’est tout le temps. Tous les jours. » Stéphane*, la quarantaine, est policier municipal depuis vingt ans, dans une ville moyenne du Sud-Ouest. Avant d’exercer ce métier, il a été médiateur de rue, pendant trois ans et demi. Il est devenu policier « pour aider les gens ». « Rapidement, je me suis rendu compte que c’était un milieu raciste. » Alors il tente, à son « petit niveau », de « changer les mentalités de l’intérieur ». « Pendant le confinement, on effectuait des contrôles d’attestation de déplacement dans les véhicules. Souvent, et naturellement, mes collègues excusaient les personnes blanches, les jeunes femmes, qui n’avaient pas leur attestation. Mais les personnes ‘de couleur’ étaient verbalisées », relate Stéphane. « Profondément gêné », il signale le problème à sa hiérarchie. « J’ai débriefé avec mes collègues. Ils n’arrivent même pas à l’expliquer, pour eux, c’est naturel. »